QU’EST-CE QUE L’HYPNOSE ?

L’hypnose est un vaste sujet. Tellement vaste qu’il faudrait au moins une bibliothèque municipale pour y réunir tous les livres traitant de près ou de loin du sujet. En laissant de côté toute tentative d’exhaustivité, on peut tout de même en dire quelques mots synthétiques qui donnent à se faire une idée assez juste de ce qu’il en est.

De manière schématique, on peut dire que l’hypnose englobe deux notions :

L’état d’hypnose

L’état psychique dans lequel une personne se trouve de manière naturelle ou provoquée par des stimuli extérieurs (suggestions, produits psychotropes, rituels, etc.)

La pratique de l’hypnose

Ensemble de techniques et d’actions permettant à une personne d’entrer dans un état hypnotique de manière autonome ou à l’aide de stimuli spécifiques.

L’état hypnotique

Tous les êtres humains ont déjà vécu, et vivent très régulièrement un état d’hypnose, et chacun de nous en fait l’expérience sans nécessairement en avoir conscience, ni savoir comment ça marche : un livre, un film très captivant, un paysage sublime qui nous absorbe, une activité sportive intense, une pause après un effort, le regard perdu dans le vide ou fixant un point, un moment de recentrage sur soi, une méditation apaisante, un instant de rêverie en attendant le bus, la somnolence avant le sommeil, un moment d’extase, une séance d’hypnose, etc. En vérité, il existe une multitude de situations dans lesquelles nous sommes amenés à vivre cet état, et ce, plus fréquemment que nous pourrions le penser.

Si l’état d’hypnose est si présent dans notre vie, on peut légitimement se demander ce que c’est, et à quoi ça sert ?

La première chose que l’on peut en dire est qu’il s’agit d’une disposition naturelle et innée du psychisme, dans laquelle celui-ci s’installe spontanément ou aidé par des stimuli extérieurs. Il semble que la vocation de cet état soit de ne pas durer éternellement et de constituer une sorte d’étape transitoire pour le psychisme, qui s’y arrête un peu comme un automobiliste le ferait sur une aire d’autoroute, pour ensuite reprendre sa route après une pause.

De la même manière que l’automobiliste ressent le besoin de s’arrêter sur l’aire d’autoroute pour se reposer, vider sa vessie (ou autre), et recharger ses batteries avec un café ou un thé, notre psychisme profite de ces « pauses hypnotiques » pour échapper à nos cercles vicieux mentaux favoris, se vider de nos pensées nocives, et retrouver un peu de l’énergie que nous dépensons continuellement à gérer notre stress et nos angoisses. Ces pauses sont aussi souvent une excellente opportunité de regarder un peu plus précisément notre carte routière et de faire un point sur notre destination et le chemin qui y mène.

Autrement dit, l’état hypnotique est le produit d’un dispositif psychique naturel et interne d’auto-régulation qui tente en permanence de maintenir notre véhicule personnel et nous-mêmes — notre corps et notre esprit — suffisamment en bon état pour nous éviter les embardées et les sorties de route fatales.

Or, bien souvent, emportés que nous sommes dans la conduite de notre vie moderne trépidante, à la poursuite effrénée d’un destin probable, nous ne savons plus vraiment nous laisser le temps de nous arrêter sur ces « aires hypnotiques » salvatrices — ou bien trop fugacement —, ce qui fait que, pied au plancher, nous avalons les kilomètres de notre existence en négligeant de nous ressourcer, en ne reconnaissant pas le chemin que nous empruntons, et, surtout, en ne sachant plus très bien où l’on va.

Dans la perspective que ce précieux dispositif psychique qui fabrique notre état hypnotique réparateur, puisse être efficace et véritablement nous aider dans l’aventure quotidienne de notre vie, il convient d’y porter une attention suffisante et d’écouter consciencieusement ce qu’il a à nous dire. Facile à dire, mais pas toujours facile à faire par soi-même ! C’est pourquoi des personnes particulièrement perspicaces — comme le médecin psychiatre américain Milton Erickson, et d’autres à sa suite — mirent au point des techniques facilitant le développement chez l’individu d’un état hypnotique profond et permettant de traiter efficacement des problématiques psychologiques telles que les angoisses, le stress, les phobies, les addictions, le deuil, les traumatismes, les changements ou les choix de vie importants, etc.

Et c’est ainsi que ces nombreuses techniques magnifiques constituent de nos jours la pratique de l’hypnose, qui permet à tant de gens de partir à l’exploration de leur nature intérieure et de leurs richesses, de dépasser les écueils de leur vie, et de poursuivre le chemin de leur réalisation !

La pratique de l’hypnose

Depuis l’aube de l’humanité, chamanes, druides, sorciers et sorcières, prêtres et prêtresses, se sont occupés de la santé des âmes et des corps de leurs congénères.

Ces personnages ont depuis longtemps observé l’existence de cet état particulier, que l’on appelle de nos jours l’état d’hypnose, et ont su créer des techniques spécifiques pour en accentuer les effets. Née avec l’Homme, la pratique de l’hypnose a évolué au cours des âges en prenant différentes formes selon les civilisations et les croyances du moment.

A partir du XVIIIe siècle, avec le médecin allemand Franz Anton Mesmer, la pratique de l’hypnose se désacralise et prend une tournure plus rationnelle, mais acquiert dans le même temps une dimension de spectacle et de divertissement qui lui collera à la peau, si l’on peut dire, jusqu’à nos jours. Néanmoins, on peut considérer ces expériences comme la première tentative scientifique pour expliquer le phénomène de l’hypnose. A cette époque, on considère toujours que l’hypnose est la conséquence de quelque agent extérieur — pour Mesmer, le « magnétisme animal ».

En France, au XIXe siècle, deux écoles voient le jour qui participent à l’évolution des pratiques de l’hypnose sous un angle strictement scientifique : l’École de la Salpêtrière du neurologue Jean-Martin Charcot, qui considère l’hypnose comme seule expression d’une pathologie, l’hystérie ; l’École de Nancy du médecin et neurologue Hippolyte Bernheim, pour qui l’hypnose est un moyen d’applications thérapeutiques. Elève de Charcot, le psychiatre allemand Sigmund Freud s’est intéressé à l’hypnose et l’a même pratiqué pendant un certain temps, avant de l’abandonner définitivement.

Mais c’est au XXe siècle que la pratique de l’hypnose connait un tournant majeur qui la révolutionne et la modernise dans une large mesure, avec l’élaboration de techniques complexes par le psychiatre américain Milton H. Erickson. Son apport, en utilisant l’hypnose dans un cadre psychothérapeutique, est tellement vaste, que nombre de ses élèves s’en inspirèrent et développèrent de nouvelles pratiques, dont la PNL et certaines thérapies brèves. Nourrissant une multitude de courants de thérapies naissants, les techniques Ericksoniennes restent, de nos jours, la référence incontournable pour la pratique de l’hypnose.

Aujourd’hui, l’hypnose Ericksonienne est pratiquée dans des hôpitaux — notamment pour effectuer des opérations sans anesthésie —, et par des médecins, des psychologues, des psychothérapeutes, et bien sûr des praticiens certifiés par les nombreuses écoles présentes en France.