L’HYPNOSE ERICKSONIENNE

Milton Erickson a, en quelque sorte, dépoussiéré l’hypnose qui, avant lui, était pratiquée de manière assez directive et manquait de subtilité. Avec son approche à la fois scientifique et intuitive, l’hypnose a gagné en efficacité dans le traitement de nombreux troubles psychologiques, dans l’accompagnement en psychothérapie et dans le développement personnel. Bien qu’Erickson se soit toujours refusé à donner un cadre théorique à ses techniques, plusieurs principes fondamentaux structurent néanmoins la pratique de l’hypnose Ericksonienne.

L’inconscient est bienveillant

La particularité principale des techniques Ericksoniennes réside dans le fait qu’elles permettent d’établir un dialogue constructif avec la part inconsciente d’un individu. Fort de son expérience de plusieurs milliers de patients tout au long de sa vie, Erickson en était parvenu à la conclusion que notre inconscient est fondamentalement bienveillant et qu’il possède une fonction auto-régulatrice qu’il est bon de favoriser. Durant ses séances, le praticien établit une communication à plusieurs niveaux qui s’adresse en grande partie à l’inconscient du sujet, à qui il propose des instructions précises, et qu’il considère comme un allié incontournable dans sa thérapie.

Toutes les ressources sont déjà présentes à l’intérieur

Ce constat de l’inconscient en tant qu’allié thérapeutique contredit assez singulièrement la vision Freudienne selon laquelle l’inconscient ne serait que la poubelle du psychisme remplie des déchets de nos pulsions inavouables auxquelles il est souhaitable de ne pas toucher. Certes, on y trouve de ces choses, mais pas seulement, car dans l’ombre de notre psyché, s’épanouissent également nos plus riches expériences, nos plus beaux rêves, nos plus belles émotions, ainsi que tous nos précieux apprentissages. Et l’hypnose nous offre cette opportunité d’aller y pêcher toutes ces ressources, toutes ces richesses, sous la forme d’images, de symboles, d’émotions, de compréhensions, tout ce dont dont nous avons besoin pour défaire les nœuds de notre existence et continuer à avancer sur le chemin de notre vie. Car la leçon que nous donne l’hypnose Ericksonienne, c’est que tout ce dont nous avons besoin pour évoluer est déjà là, en nous, et qu’il suffit d’aller le chercher.

Faciliter les processus d’apprentissage

Pour Erickson, la nature fondamentale de l’être humain réside dans sa capacité à continuellement apprendre de nouvelles façons de s’adapter à son environnement et à ses changements. Dès notre naissance, nous vivons une succession ininterrompue d’apprentissages, depuis l’acte de respirer de l’air, de réclamer notre nourriture, de faire les premiers pas pour commencer à marcher, de prononcer des sons étranges qui ressemblent à des mots, etc. Tout au long de notre vie, nous faisons face à des situations inédites qui exigent de nous fluidité et souplesse dans notre capacité d’adaptation. Mais parfois, certaines circonstances de la vie nous sont tellement difficiles à affronter, que nous restons bloqués dans des perpétuelles tentatives de dépassement de ces mêmes circonstances. Les symptômes de ces vaines tentatives se nomment névroses, phobies, stress, angoisses, addictions, etc. La raison principale qui nous empêche d’avancer face à ces situations particulières, réside dans le fait que notre psychisme ne parvient pas à en extraire les enseignements qui permettraient leur dépassement et qui auraient pour effet de nous en libérer. Le rôle du praticien en hypnose consistera alors à créer un contexte psychologique favorable dans lequel les processus d’apprentissage de la personne concernée pourront fonctionner à nouveau à plein régime et mettront en place tous les enseignements à tirer des situations de blocages.

Le travail est orienté vers la solution et non pas le problème

A la différence de la psychanalyse, de la psychologie, et de toutes ces pratiques analytiques qui s’occupent de scruter dans tous ses recoins la problématique d’un individu, l’hypnose Ericksonienne se propose de concentrer l’attention en priorité sur la solution de la problématique. Cela ne veut pas dire que le praticien n’écoute pas les problèmes de son client, mais que l’effort du travail en séance se focalisera sur le règlement de ces problèmes. En laissant le rôle de l’analyste à la part inconsciente de ses patients, Erickson évitait ainsi ses propres projections subjectives qui auraient pu interférer dans le bon déroulement de la thérapie. Le génie dans l’approche thérapeutique d’Erickson, réside dans le fait que pour lui, la solution au problème d’un individu existe au préalable dans le psychisme de celui-ci. Le travail du praticien consiste donc à permettre à cette solution d’émerger depuis les profondeurs inconscientes de son client.

L’objectif final est l’autonomie du sujet

On peut dire que Erickson est, en quelque sorte, le père des thérapies brèves, car son approche consistait à favoriser chez ses patients les processus naturels existant en leur sein, de telle manière que toute dépendance vis-à-vis d’un thérapeute devient impossible. Ses techniques étaient si efficaces que ses thérapies ne duraient jamais très longtemps. Ainsi, le praticien en hypnose Ericksonienne veille toujours à ce que son client acquiert son autonomie aussi vite que possible. Car, en définitive, la pratique de l’hypnose s’appuie avant tout sur la faculté innée de chacun d’avoir accès à sa propre nature intérieure et d’en explorer les richesses. Une fois que nous savons les placer dans notre main, ces richesses intérieures nous offrent la capacité de faire face aux écueils de la vie, de les dépasser, et de poursuivre le chemin de notre réalisation personnelle aussi loin qu’il est bon pour nous de le faire.